Indigenous Rock the Vote: Mobilizing for Change in 2025

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Joyeux 65e anniversaire, Droit de vote — Une célébration aux bougies compliquées

Il y a 65 ans, le Canada adoptait le projet de loi C-3, modifiant la Loi électorale du Canada pour enfin accorder aux Premières Nations le droit de vote sans restriction aux élections fédérales — sans devoir renoncer à leur statut en vertu de la Loi sur les Indiens. 

Joyeux anniversaire, amendement à la Loi sur les Indiens.

 

Tu es arrivé en retard. Presque un siècle en retard.


 

Avant les années 1880, de nombreux membres des Premières Nations — surtout à l’est du Manitoba — pouvaient voter aux élections fédérales. Mais ensuite, dans le plus pur style colonial, ce droit leur a été discrètement retiré. Pendant les 80 années suivantes, le droit de vote venait avec des conditions : on pouvait s’enrôler pour faire la guerre, payer des impôts, même mourir pour son pays — mais à moins de renoncer à son identité autochtone, on ne pouvait pas voter.

 

Tout a changé un jour de printemps en 1960. Le premier ministre John Diefenbaker estimait qu’il était temps de tenir la promesse d’une pleine citoyenneté. La ministre Ellen Fairclough a présenté le projet de loi C-3. « Nous croyons que le moment est venu d’accorder à tous les Indiens du Canada le droit de vote aux élections fédérales sans qu’ils soient obligés d’abandonner leurs droits issus des traités ou leur statut d’Indien. »

 

Enfin, le droit de vote sans assimilation.

 

Mais voici le hic : les Premières Nations n’ont jamais été invitées à planifier la fête. Aucune consultation. Aucun comité d’Aînés ni voix communautaires. Juste un gouvernement bien intentionné et une poignée de députés prenant des décisions au nom de plus de 200 nations diverses.

 

Le député Pierre Caron de Hull l’a dit sans détour : « Je conviens que la présence [du sénateur Gladstone] est une bonne chose. Cependant, je ne suis pas d’accord pour dire que cela constitue en soi une reconnaissance automatique de tous les Indiens, car le premier droit de l’Indien est de parler pour lui-même, personnellement et en son propre nom… La plupart des Indiens… ne semblent pas favorables à ce projet de loi — non pas parce qu’ils ne veulent pas voter, mais parce qu’ils ont peur de l’homme blanc. » Il a ajouté : « Ils craignent qu’en échange d’une faveur, l’homme blanc leur reprenne quelque chose. »

 

Peut-on leur en vouloir ? Ironiquement, 9 ans plus tard, le Premier ministre Pierre Trudeau a tenté d’assimiler toutes les Premières Nations du Canada avec la politique du Livre blanc.

 

Dans ma propre famille, il y a des Aînés encore vivants aujourd’hui qui ont atteint l’âge adulte au Canada sans avoir le droit de voter. Certains ont servi dans l’armée — en uniforme, médailles à la poitrine, mais toujours privés de bulletin de vote. Cela fait maintenant 65 ans qu’ils peuvent voter. Toute une retraite pour la démocratie.

 

Le député Frank Howard du CCF, représentant Skeena, l’a bien résumé lors des débats de 1960 : « En accordant le droit de vote aux Indiens, nous ne leur faisons pas une faveur. Nous leur rendons simplement un droit qui n’aurait jamais dû leur être enlevé. »

 

Oui, nous avons du gâteau et des bougies, mais de nombreuses Premières Nations ont apporté la prudence et la mémoire, plutôt que la célébration. Car ce qui est donné sans qu’on le demande peut toujours être repris sans avertissement.

 

C’est l’héritage du traité wampum à deux rangs, un accord conclu bien avant la Confédération. Deux embarcations — l’une autochtone, l’autre coloniale — voyageant côte à côte, sans interférer dans le chemin de l’autre. L’esprit du traité était le respect mutuel et la coexistence. Pas l’absorption. Pas le silence.

 

Et pourtant, pendant des décennies, le Canada a décidé quels « droits » les Premières Nations pouvaient exercer. Même le droit de choisir leurs dirigeants.

 

Pourtant, certains ont choisi d’entrer dans les couloirs coloniaux pour y dire leurs vérités.


 

En 1968 — soit huit ans après l’adoption du projet de loi C-3 — Len Marchand est devenu le premier membre des Premières Nations ayant le statut d’Indien à être élu au Parlement. Il fut suivi de nombreux autres : Métis, Inuits, membres des Premières Nations. Aujourd’hui, des députés autochtones siègent des deux côtés de la Chambre, soulevant parfois des vérités difficiles, se faisant parfois dire qu’ils « en disent trop ».

 

C’est ça aussi, la démocratie. Pendant l’élection fédérale, nous soulignons les 65 ans depuis l’adoption de ce vote. Une petite étape sur le long chemin de la reconnaissance. Un moment à la fois de fierté et de douleur.

 

Alors, portons un toast :

À ces tantes et oncles qui ont voté pour la première fois à 30, 40 ou 50 ans.

À ces grands-pères qui se sont engagés pour combattre outre-mer, mais qui n’avaient pas le droit de voter chez eux.

À ces jeunes qui votent aujourd’hui, souvent pour la première fois dans leurs familles.

À ces députés qui écoutent.

À ceux qui croient encore que ce qui est pour le Canada est pour le Canada — et ce qui est pour les Premières Nations est pour les Premières Nations et que nous sommes ensemble

 

Joyeux anniversaire, projet de loi C-3. Tu n’es pas parfait, mais tu as ouvert une porte. Et nous n’avons jamais cessé d’y entrer depuis.


https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/2155739/autochtones-nord-participation-enjeux